Essais et mots en vrac

Quelques bouts de texte pour aider une amie à surmonter son arachnophobie.


Je me décalai à gauche.

Non, ca ne va pas.

Je revins à mon emplacement initial, fis une pause, tricotai des pattes en allant sur ma droite. Puis reculai, reparti sur la gauche, avançai, pour finalement repartir à droite.

Ça ne va toujours pas, elle bouge trop.

Je me frottai les yeux d’agacement. Cela faisait plusieurs jours que l’occasion ne se présentait pas et c’était très agaçant. Je n’avais pas tout l’été à la fin !

Une brève rafale de vent souffla à travers les branches. Siana, suspendue au bout de son long fil de soie fut emportée loin dans les branches, hors de ma vue..

• Elle m’énerve à la fin !

J’effectuai plusieurs bonds rageurs sur place. Puis m’interrompis, réalisant le ridicule de la situation. Pratiquement seul sur la branche du chêne centenaire, il n’y avait que deux chenilles qui s’éloignaient vaillamment en direction des feuilles nouvelles. Ce ne serait pas nécessaire de les croquer, elles n’avaient rien vu.

Je pratiquai les trois instants du sage méditatif et vérifiai à nouveau si quelqu’un était sur la branche .

Une autre fois pour la frime.

Réalisant plusieurs sauts en direction du tronc, des petits courts et efficaces pour avancer rapidement, j’en étais encore à approximer la zone où Siana s’était échouée qu’un nouveau courant d’air me surpris en plein saut. Je me rattrapai in extremis à un fil inconnu.

Un peu sec et cassant, celui-ci semblait avoir un certain âge. Même si j’étais peu désireux de provoquer une échauffourée avec un congénère, j’utilisai ce chemin providentiel pour remonter plus haut.

Rapidement je senti de désagréables vibrations aux pattes. Le propriétaire du fil était derrière moi. Je ne pris pas la peine de me retourner et accélérai l’allure. Les araignées n’appréciant que fort peu les impolis, la situation ne se présenterait guère à mon avantage pour faire une nouvelle connaissance.

J’avais moi-même pour habitude de manger les goujats qui passaient sur ma toile.

Les vibrations allaient en s’amplifiant, signe que l’autre se rapprochait. Je jurai. Ce devait être une femelle pour aller aussi vite ! Je décidai qu’il était temps de déguerpir.

Je sautai.

En tombant je croisai ma poursuivante.

• Coucou mon chou ! Tu ne restes pas manger finalement ?

C’était Siana qui, à force de s’être laissée allée au vent et des habitudes de tissage à longs fils, s’était retrouvée plus bas que moi. Je continuai de chuter.

Une feuille me servit de piste d’atterrissage et je jetai un coup d’œil au-dessus de lui. Siana était à nouveau invisible, sans doute emportée par le vent.

Décidément il était bien difficile de croiser la croiser, celle-ci, avec ses curieuses trajectoires !