Essais et mots en vrac

Des sous-traitants se mettent en grève


Après de nombreuses semaines de pluie incessante je profitais d'un rayon de soleil pour aller prendre l'air un matin. Il y avait un léger courant d'air qui méritait qu'on enfile un couvre-chef. Heureusement j'avais une élégante casquette kaki ornée de pointes en acier pour protéger mes fragiles oreilles. De petits animaux se promenaient de buisson en buisson et je cru même apercevoir un chevreuil. A moins que ce ne soit un 4x4. Il faut que je prenne rendez-vous chez l'ophtalmo, me rappelle régulièrement ma tendre et douce.

Malheureusement je n'ai pas profité longtemps du chant des oiseaux car des haut-parleurs grésillants hurlaient la macarena près des tourniquets de l'entrée.

Je m'approchais alors qu'un ventripotent qui se saisissait d'un micro.

NE VOUS LAISSEZ PAS BERNER ! VOUS POUVEZ VOUS FAIRE ENTENDRE ! BATTEZ-VOUS !!!

Le service de sécurité laissait à désirer, en ce moment. Comment se faisait-il que ce trublions n'aient pas été chassés dans la minute ?

Un grand colosse s'empara à son tour du micro. SAMSIC DOIT MIEUX S'OCCUPER DE NOUS ! Il portait une tenue marquée SAMSIC, un pantalon SAMSIC, des chaussures SAMSIC. D'autres avaient une tenue identique autour de lui. Ce devaient être des religieux, une sorte de secte, certainement.

Manifestement ceux-ci en avaient après leur dieu SAMSIC qui semblait les négliger.

PROTESTEZ ! CONTESTEZ ! FAITES-VOUS ENTENDRE !

Autour de lui d'autres pauvres hères psalmodiaient la même prière en dodelinant de la tête. Le brouhaha des mantras gonfla petit à petit. Le colosse et le ventru s'échangèrent plusieurs fois le micro pour haranguer la foule.

Puis les murmures devinrent des voix, qui devinrent des cris, puis des hurlements de rage.

Chauffés à bloc, les vas-nu-pieds se précipitèrent pour proclamer leur courroux auprès de leur dieu.

On ne les revit jamais plus.