Mon N+3 Ou le sommeil du monstre
Un grognement bourru me surprend alors que je tente une sortie hors de la grotte. C'est Ré-mi. Je suppose que les autres l'ont baptisé ainsi à cause des pets sonores qu'il émet régulièrement.
Il me fait signe de le suivre. Je lui emboite le pas discrètement quand il s'engage en grommelant dans l'Autre grotte.
Parfois il nous arrive de déboucher dans un endroit et de le regretter immédiatement. Comme un restaurant bondé et bruyant alors que l'on cherchait un endroit calme. Il arrive aussi qu'on ne soit pas le bienvenue. Arriver dans une salle de cinéma alors que le film a commencé est un bon exemple.
Certains endroits regroupent ces deux impressions. Pénétrer trop tôt le matin dans la chambre de ses beaux-parents pourrait être une expérience de ce type, je suppose.
Cette grotte parvient à associer en plus la sensation du danger imminent.
Encore plus sombre que notre refuge, L'atmosphère y est ouatée. On y entend à peine les déplacements furtifs, de ses locataires. Faits de glissements discrets et de frottements imperceptibles.
Tous craignent le monstre.
Je ne le vois pas, ne l'entends pas, mais il est là.
Sa respiration même inaudible règle le rythme de mes pas –enfin de mes déplacements tremblants-.
Au bout de deux pas, j'ai la gorge nouée.
Au troisième pas je suis pris de tremblements irrépressibles et mes dents se mettent à claquer.
Au quatrième pas je sens mes sphincters sur le point de lâcher.
Nous avons parcouru une cinquantaine de mètres.
Ca a été l'horreur.
Plus jamais je ne retournerais dans cette aile.
C'est sa tanière